Paul Chiozzotto habilement déguisé en Dumbledore dans Harry Potter

(Re)lire Harry Potter aujourd’hui est-il pénible ?

Cette série d’articles est une version abrégée du mémoire que j’ai réalisé dans le cadre de mon Master 2 de Littératures d’Enfance et de Jeunesse, validé en 2022 à l’Université d’Artois, sous la direction de l’exceptionnelle Anne Besson. Si vous souhaitez le consulter dans son intégralité, n’hésitez pas à me contacter.

Vous préférez entendre ma douce voix, mes balbutiements et mon angoisse à l’oral ? J’ai parlé de mon mémoire dans un podcast du média La Gazette du Sorcier.

Harry Potter et la pénibilité de lecture : introduction

Je fais partie de la génération Harry Potter : celle qui a grandi dans les années 90, en même temps que le sorcier à lunettes. Pourtant, mon rapport à la saga a démarré de façon peu commune. Suite à une erreur en librairie, mon premier Harry Potter a été… le deuxième : La Chambre des Secrets !

J’aurais donc pu attaquer la saga in medias res et déboussolé, en ne comprenant rien à ces histoires de sorciers, de Voldemort et de chocogrenouilles. Heureusement, j’ai vite trouvé mes repères. Non pas grâce à des résumés Wikipedia ou aux films (pas encore sortis), mais grâce à des rappels que l’autrice proposait tout au long du tome. Ainsi, au début du tome 2, j’appris en quelques lignes qui était Harry, ses amis, ses ennemis et sa famille moldue. Je découvris cet univers magique, le château de Poudlard et les règles du Quidditch. Le tout de façon relativement naturelle, car l’autrice intégrait ces rappels et résumés à sa narration.

Depuis qu’il était revenu à la maison pour les vacances d’été, l’oncle Vernon l’avait traité comme une bombe sur le point d’exploser. Harry, en effet, n’était pas un garçon normal. Pour tout dire, il était même difficile d’être aussi peu normal que lui. Car Harry Potter était un sorcierun sorcier qui venait de terminer sa première année d’études au collège Poudlard, l’école de sorcellerie.

Tome 2, chapitre 1.

D’ailleurs, tout semblait fait pour ne pas perdre le lectorat, puisque ce procédé se répétait dans les tomes 3 et 4. Je peux donc remercier l’autrice, qui m’a permis de rattraper mon “retard” très rapidement, pour de me jeter à corps perdu dans la saga.

Rappels bienvenus, ou temps perdu ?

Mais 20 ans plus tard, après des dizaines de relectures, ma gratitude avait bien faibli. Lors d’une énième lecture du tome 4, j’explosai :

Mais enfin, combien de temps elle perd à nous rappeler des trucs qu’on vient de lire ?”.

Extrait d’une indignation d’une véhémence rare.

Relire pour la cinquantième fois la saga alors que je connais déjà la fin, pas de souci : ça fait partie du plaisir de la relecture. Mais subir, en début de tome, des paragraphes entiers pour rappeler que le pauvre petit Harry a échappé à Voldemort quand il avait un an, ça commence à bien faire ! L’autrice s’en est d’ailleurs peut-être rendu compte, car à partir du tome 5, ces rappels et résumés ne venaient plus perturber ma lecture.

Un tableau comparant la présentation de Voldemort dans les tomes 2, 3 et 4 de la saga Harry Potter

Présentation de Voldemort dans les tomes 2, 3 et 4 de la saga. Un air de déjà-lu ?

D’une indignation de lecteur à une idée de recherche

C’est cette question sur le “temps perdu par l’autrice” qui m’a donné l’idée d’une étude sur Harry Potter. Une étude sur toutes ces fois où elle nous rappelait un élément que l’on avait lu dans les tomes précédents. Une étude qui mettrait un chiffre sur la part de chaque livre “perdue” par ces previously littéraires. Une étude qui analyserait ces passages, et répondrait à certaines questions :

  • À quoi ces passages servent-ils ?
  • Pourquoi rendent-ils la lecture pénible ?
  • Cette pénibilité existait-elle déjà dans les années 90 et 2000, ou mon regard sur l’œuvre a-t-il changé ?
  • Pourquoi ces rappels pénibles étaient-ils si présents dans les tomes 2, 3 et 4, avant de disparaître à partir du tome 5 ?
  • Cette évolution dans la forme est-elle liée à l’évolution du fond de l’histoire, de plus en plus mûre à mesure que les tomes avancent ?

Harry Potter et la version courte du mémoire

Pour réaliser cette étude dans un cadre universitaire, je me suis inscrit en Master 2 de Littératures d’Enfance et de Jeunesse. Après six mois d’étude acharnée, de rédaction fiévreuse et de soutenance fébrile, j’ai enfin validé mon diplôme mi-2022 !

Mon mémoire final dépasse les 100 pages, et répond aux exigences de l’université. Le format n’est donc pas forcément des plus digestes. J’ai voulu résumer ici  les grandes lignes de mon travail, en espérant qu’il intéressera le plus grand nombre. Bonne lecture !

Les différentes parties de mon travail sur Harry Potter