Project Description

Méthodologie : à la recherche du temps perdu par l’autrice

Mon étude avait plusieurs objectifs :

  • relire les tomes 2 à 7 de la saga. Le premier tome était exclu de mon étude puisque, par définition, il n’avait pas de tome précédent à récapituler.
  • relever tous les passages où l’autrice rappelait un élément déjà lu dans un tome précédent ;
  • quantifier le temps “perdu” par ces passages ;
  • déterminer le contenu de ces passages, pour savoir quels éléments sont rappelés par l’autrice ;
  • déterminer la forme que prenaient ces passages : comment l’autrice opère-t-elle ces rappels ?

J’ai donc commencé par mettre au point une méthodologie pour répondre à ces questions.

L’objet de ma recherche : les liaisons narratives

Première étape : définir ce que j’allais chercher durant la lecture de ces 6 tomes. J’ai choisi de relever “toute mention d’un élément déjà énoncé dans les tomes précédents”. Il pouvait s’agir par exemple :

  • du résumé d’un événement passé : “A la fin du dernier trimestre, Harry s’était retrouvé face à face avec Lord Voldemort en personne.” ;
  • de l’identité d’un personnage, que ce soit sa fonction ou ses caractéristiques physiques ou morales : “[…] la carcasse massive de Hagrid, le garde-chasse de Poudlard, s’avançait vers eux à grands pas” ;
  • De descriptions déjà faites par le passé, notamment pour certains lieux : Poudlard, Gringott’s, la maison des Weasleys…
  • Et d’autres formes qui pouvaient varier énormément, à partir du moment où elles énonçaient un élément déjà connu des lecteurs.

Pour leur donner un nom, j’ai longtemps hésité : rappels, résumés, analepses… Ces termes ne me convenaient pas, car ces passages avaient des formes et fonctions très variables, et dont le seul point commun était qu’ils créaient des liens entre les tomes. J’ai donc choisi un terme plus neutre : liaisons narratives.

Mettre des chiffres derrière les lettres

Une fois l’objet de ma recherche défini, il me restait à choisir la meilleure façon de répondre à ma question de base : “combien de temps l’autrice perd-elle avec ces liaisons narratives ?”. En d’autres mots, je cherchais un moyen de quantifier le temps du récit, et de soumettre cette littérature à une logique statistique.

Traditionnellement, au moment de parler de la taille d’un livre, on parle du nombre de pages ou de chapitres. Pour être le plus précis possible, j’ai choisi comme unité de mesure le nombre de signes, espaces comprises. Pour être au plus près des intentions de l’autrice, j’ai choisi d’étudier les livres en langue originale (l’anglais britannique).

Je devais donc compter le nombre de caractères de chaque passage que je repérais lors de ma relecture. Pour ce faire, j’ai fait cette relecture avec les versions .pdf des livres, afin de pouvoir copier / coller les liaisons narratives dans un tableur Excel. Ensuite, une simple formule Excel calculait automatiquement le nombre de signes.

Harry Potter et la magie des tableurs Excel

6 tomes et 4500 lignes de tableur

Grâce à cette formule, je n’avais plus qu’à remplir mon tableau pour obtenir des chiffres tangibles, qui me permettaient des calculer des statistiques. Résultat : plus de 4500 lignes de tableur, et près de 200 000 caractères relevés. Voilà tout le “temps” qu’a employé l’autrice dans ses liaisons narratives. C’est plus de 3% de la totalité de la saga.

Capture d'écran du tableau de relevé des liaisons narratives.

Capture d’écran du tableau de relevé des liaisons narratives

Quels autres indicateurs choisir ?

Je pouvais donc estimer le “combien de temps” représenté par les liaisons narratives, mais pas encore leur contenus ou leur forme. Ainsi, en plus du nombre de caractères de chaque liaison narrative, j’ai renseigné dans mon tableau :

  • son emplacement : dans quel tome, dans quel chapitre ?
  • son contenu : quelle thématique, quelle sous-thématique ?
  • sa situation d’énonciation : qui prenait en charge la liaison narrative : le narrateur, un personnage, une lettre ?
  • sa structure syntaxique : la liaison narrative occupe-t-elle toute une phase, ou est-elle simplement mentionnée au détour d’une virgule ?

J’ai donc consciencieusement rempli mon tableur, avec dans l’idée de pouvoir ensuite croiser ces différents indicateurs dans une logique statistico-littéraire.

Après plusieurs mois de relevé des liaisons narratifs, mon étude a pu entrer dans sa phase la plus importante : celle des constats.

Lire la suite – Les résultats de l’étude
Retour au sommaire de l’étude