Project Description

Conclusion

Une hypothèse démentie

Quand j’ai commencé mon étude, je n’avais qu’un seul a priori : la conviction que les liaisons narratives disparaissaient au début du tome 5, mettant fin aux impressions de “déjà-lu” très frustrantes. Cette conviction était à l’origine de mon envie d’étudier Harry Potter, et c’est elle qui m’a incité à m’inscrire en Master pour le réaliser. Cet a priori, vieux de plus de quinze ans, s’est avéré faux.

Les liaisons narratives ne disparaissaient pas, mais évoluaient à partir du tome 5. Elles devenaient moins visibles, et changeaient d’objectif. Mon étude a donc chercher à comprendre comment leur visibilité baissait, et pourquoi l’autrice avait fait ce choix.

Du temps perdu ?

En débutant mon étude, je pensais que mes conclusions seraient irrévérencieuses à l’égard de cette autrice dont le talent de narration a été tant de fois vanté. Je pensais pouvoir souligner le “temps perdu”, et je pense que j’ai davantage souligné sa capacité à jouer avec l’expérience de lecture de ses lecteurs. En changeant de stratégie au beau milieu de l’écriture de sa saga, l’autrice a réussi à changer les codes d’un pan de la littérature qu’elle était en train de révolutionner.

Quel héritage ?

Que reste-t-il des liaisons narratives les plus lourdes, celles qui résumaient les principaux éléments de l’intrigue ? Quinze ans après la parution du dernier tome, que faut-il voir de ces passages parfois longs qui rappellent des éléments déjà lus, alors que la lecture continue est désormais la règle ? Pas grand-chose, si ce n’est une aide pour la mémoire des lecteurs les plus jeunes, et qui auraient encore besoin qu’on leur rappelle certains éléments très connus.

Chocogrenouille de Proust

Au-delà de ce public spécifique, ces liaisons narratives laissent sans doute une impression de redondance parfois exaspérante à la lecture. Mais elles constituent aussi un témoignage de ce qu’était la lecture d’un Harry Potter à une époque où le cycle était encore en cours de parution, et où le succès des premiers tomes était encore une surprise pour le grand public. Une madeleine de Proust pour la “génération Harry Potter”, ces primo-lecteurs qui ont vécu l’attente et les spéculations entre chaque tome, qui pouvaient se tromper dans le choix du premier tome à lire, et dont les éditeurs ne postulaient pas encore qu’ils sauraient déjà, en ouvrant le tome, qui était ce petit sorcier à lunettes élevé sous un escalier.

Les liaisons narratives constituent très certainement un détail négligeable dans l’immensité des thèmes et procédés mis en œuvre par l’autrice, mais elles sont les témoins de ce qu’ont été la lecture et l’écriture de la saga pendant une période de temps très précise, et qu’il serait aujourd’hui impossible de retrouver.

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